Poésies de Marguerite-Eléonore Clotilde de Vallon-Chalys, depuis madame de Surville, poete français du XVe siècle. Nouvelle édition, publiée par Ch. Vanderbourg. Ornée de gravures dans le genre gothique, d'après les dessins de Colin [- Poésies inédites [...] publiées par de Roujoux et Ch. Nodier ; ornées de gravures].

2 ouvrages en 1 vol. in-8° (qqs piq. et lég. bruniss., surtout dans le 2e ouvr.).

Maroquin rouge signé Simier rel. du roi, plats cernés d'un double cadre fileté doré et frappés d'une large plaque gothique à froid, dos lisse orné comme les plats (mors très lég. frottés), contreplats de maroquin grenat fil. et frappés d'un grand fleuron doré avec cartouches lettrés "Ex Museo Caroli Nodier" et "Ex opificina Alph. Simier", gardes de vélin ivoire fil. et ornées de fleurons angulaires dorés, coiffes et coupes fil. dorées, tr. dorées. Bel ex.

Nouvelle édition du premier ouvrage (originale 1803) et édition originale du 2e. Premier volume illustré d'un frontispice gravé par Fortier d'après Debret (+ 1 état sur chine appliqué et 1 état rehaussé), d'un portrait par A. Johannot d'après Desenne (+ 2 états comme supra), 5 hors-texte et 4 vignettes d'après Colin. Deuxième volume illustré de 5 hors-texte et 4 vignettes. Les 2 ouvrages du tirage à 100 ex. sur vélin d'Annonay, contenant 4 états des hors-texte (eau-forte pure, en noir sur chine, avec cadre et légende et rehaussé) et 2 états des vignettes (sur chine et rehaussé sauf pour celle de la p. 87 du 2e volume, état in texte seul). Le premier ouvrage contient en outre qqs pages de musique gravée.
Une célèbre supercherie littéraire du XIXe s. Attribuées à une poétesse inconnue, ces poésies rencontrèrent un vif succès lors de leur parution mais éveillèrent aussitôt une durable polémique en raison de certains anachronismes scientifiques. Sous ce pseudonyme Clotilde de Surville, "poète ingénieusement créé pour l'imagination" (Nodier cité par Vanden Abeele) et en dépit des assertions de Charles Vanderbourg (1765-1827) dont la bonne foi fut en l'occurence trompée, se dissimulait en réalité le marquis Joseph-Étienne de Surville (1755-1798), fusillé pendant la Révolution. La supercherie fut largement avalisée par Charles Nodier qui ne dédaigna pas de prêter la main "à cet astucieux échafaudage de la forgerie" (Vanden Abeele) en publiant un volume complémentaire en 1827.
Ex. enrichi d'un poème manuscrit (autographe par Nodier ?), 28 vers sur 1 f. collé sur la garde supérieure (Inc. "Sa plume transcrivit, sous l'oeil de deux epoux/ qu'à regret, ici-bas, voyait le ciel jaloux", Exc. "Et, d'infâmes sujets, un sénat sacrilège/ Des Rois, foulants aux pieds, l'immortel privilège").
Dans une belle reliure romantique au décor gothique signée "Simier r. du roi" en queue du dos et "Ex opificina Alph. Simier" sur le contreplat inférieur. Alphonse Simier (1796-1859) était le fils de René (1772-1873) ; il prit la tête de l'atelier en 1823 et perpétua le renom de la maison jsuqu'en 1848.
Réf. Vicaire VII:715. - Carteret III:577. - Sophie Vanden Abeele-Marchal, "Histoire littéraire féminine et fiction au xixe siècle : le cas de Clotilde de Surville", Fabula-LhT, n° 7, "Y a-t-il une histoire littéraire des femmes ?", avril 2010, URL : http://www.fabula.org/lht/index.php?id=181, page consultée le 23 novembre 2020.
Prov. Charles Nodier (1780-1844), promoteur du mouvement romantique ("Ex Museo Caroli Nodier" doré sur le contreplat sup.). - Borluut de Noortdonck (1771-1857), bibliophile belge célèbre pour la qualité de son cabinet (ex-libris gravé par Ch. Onghena).
Expo. L'ouvrage figura en 1827 à l'Exposition publique des produits de l'industrie française, au cours de laquelle l'atelier Simier recueillit l'admiration du roi Charles X lui-même (petite étiquette ronde).